• Coup d'oeil N°8: Les remarquables vestiges de Kunya Urgench, témoignage d'une richesse passée

    Je vous emmène dans une contrée lointaine au Turkménistan. Ce pays, qui est presque aussi grand que la France, se situe sur le bord est de la mer Caspienne et recèle de nombreux trésors.

        

    Je vais vous parler des ruines de Kunya Urgench (ou Kounya-Ourguentch, il existe différentes orthographes) qui se situent au Nord du Turkménistan au niveau de sa frontière avec l’Ouzbékistan. Il s’agit du mausolée de Turabeg Khan et du minaret de Gutlug Timur. Voilà ces deux vestiges :

     

    Kunya Urgench n’était pas n’importe quelle ville autrefois, c’était la capitale de la région de Khwarezm(du 10e au 14e siècle). Mais ce qui a fait de Kunya Urgench un lieu riche et prospère, c’est son emplacement. En effet, elle était située sur l'un des plus importants chemins médiévaux : la Route de la Soie, soit le carrefour des civilisations occidentales et orientales.  Ibn Battuta, un célèbre voyageur du 14e siècle parle de la ville comme la plus grande, la plus belle et la plus importante de villes turques (rien que ça!).

    Petit point historique pour les curieux (et les courageux) qui permet de mieux comprendre la singularité de nos édifices: Au 13e, la ville va être détruite par une invasion mongole terriblement sanglante, la Horde d’or.  Elle va aussi connaître les frasques des Timourides, descendant de Tamerlan au 15e siècle. Malgré cela la ville se reconstruit à chaque fois. Au 16e elle perd sa fonction de capital et tombe dans la décadence. Puis le fleuve irriguant les terres  dévie  son cours, et laisse Kunya Urgench asséchée! Les habitants désertèrent alors la ville et s’installèrent au 18e de l’autre côté du fleuve. Au 20e siècle, on réutilisa le site de Kunya Urgench comme un cimetière.

    Kunya Urgench est l'un des sites archéologiques les plus importants au Turkménistan grâce à de nombreux édifices qui y sont bien conservés. On y trouve des mosquées, des forteresses, des mausolées et un minaret. Le style que l’on trouve à travers l’architecture et l’artisanat influencera de nombreuses contrées comme l’Iran, l'Afghanistan, l’Inde… Il y a deux édifices qui sont particulièrement remarquables.

    Le premier est le mausolée de Turabeg Khan. Avec son portail de plus de 25 mètres de haut, c’est un des plus imposants monuments du pays. Turabeg Khan était la fille d’Uzbek Khan (ou Ozbeg Khan), un prince mongol de la Horde d’or converti à l’islam. On raconte qu’il convertit les Mongols de la Horde d'or à la religion musulmane et permit la diffusion du soufisme. Ça valait bien un mausolée grandiose!

    Datant du 14e siècle, l’édifice est remarquable pour ces grands volumes et particulièrement pour la richesse de ces mosaïques colorées de bleue, qui forment des ornements complexes entremêlant fleurs et étoiles…

    Ce qui est particulièrement remarquable dans cet édifice, c’est le rapport étroit et aigu qu’il y a entre le couvrement et le calendrier. En effet, la coupole  porte 365 figures géométriques entremêlées correspondant aux 365 jours de l'année. Autour, il y a 24 arches pour les 24 heures de la journée, et juste en dessous on trouve 12 arches pour, comme vous avez dû le deviner, les 12 mois de l’année. De nombreux archéologues et scientifiques ont été surpris de cette précision pour le 14e siècle. Ces étoiles et ces fleurs entremêlées  sur fond bleu sont une métaphore visuelle des cieux. L’univers et le temps sont des mystères impénétrables qui sont ici évoqués et mélangés, introduisant ainsi une réflexion philosophique et spirituelle. Que de sciences !

     

    Le deuxième édifice est le minaret de Gutlug Timur. Il  s’élève à 60 mètres de haut, c’est-à-dire bien plus grand que l’arc de triomphe qui ne mesure que 50 mètres de haut. C’est quand même le plus haut minaret d’Asie Centrale de cette époque après le minaret de Djam en Afghanistan qui mesure 65 mètres de haut.  En plus, il faut aussi préciser que le minaret est encore en élévation alors qu’il date du 11e siècle ! 60 mètres de haut, c’est d’autant plus remarquable pour cette période. Son diamètre à la base mesure 12 mètres, alors qu’au sommet il mesure seulement 2 mètres. Bref un monument atypique qui devait avoir un muezzin bien sportif !

     

    Aujourd’hui, Kunya Urgench est un lieu de pèlerinage local, on vient se recueillir devant les mausolées et prier, mais il y a des pratiques qui sont plus atypiques. En effet, outre les petits tas de pierres, il y a tout un rite autour de la fécondité. Des femmes se laissent rouler dans la terre et des petits berceaux sont laissés pour tomber enceinte.

    Les vestiges de Kunya Urgench sont vraiment remarquables et révèlent toute la richesse intellectuelle qu’a connue la ville à une époque. Ce qui justifie amplement le fait que les ruines ont été inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, en 2005.

     

     

     

     


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