Le bal de l’Opéra, Eugène Giraud, 1866, Paris, Musée Carnavalet, Inv P.2809

« Quel mouvement, quelle cohue de gens et de mots, que de chatteries chuchotées à l’oreille, que d’injures hurlées par des voix avinées ! Tout cela grouille, crie et rit, s’emmêle et se démêle de la façon la plus gaie et la plus française. » écrit le critique Théophile Gauthier fils.

En effet quelle sensation de brouhaha se dégage de ce tableau ! Il s’agit du Bal de l’Opéra d’Eugène Giraud réalisé en 1866 (Musée Carnavalet).

Au moment du carnaval depuis 1715 jusqu’à 1914, l’Opéra de Paris se transformait en une immense salle de bal et ça durant 2 ou 3 semaines. Il suffisait de retirer les sièges, et d’installer un parquet mobile, astucieux non ?

L’Opéra ouvrait ces portes à minuit et les refermait à l’aube, c’était « la boite de nuit » du XIX^e siècle. C’est à partir de 1837, dans l’ancien Opéra Le Peletier, que l’atmosphère de ces bals se modifia. On oublia les bals d’usage mondains, pour faire place à une danse échevelée qui n'était jusqu’à présent pratiquée que dans les bals publics, le cancan !

Ces fêtes étaient célèbres dans toute l’Europe. C’était une étape obligatoire à Paris pour les étrangers de passage, notamment durant l’Exposition universelle.

Giraud choisit non pas  de représenter une scène de ces nuits endiablées dans la grande salle où avait lieu le tourbillon frénétique des danseurs, mais plutôt dans une petite pièce de l’opéra juste après l’entrée. C’était le  lieu de passage obligatoire de chaque participant, lieu par excellence d’intrigue, de rencontre et de rendez-vous où s’échangeaient des plaisanteries chuchotées à l’oreille, plus ou moins légères.

Pour nous qui n’avons pas connu ce temps, cette œuvre est un témoignage unique de ce que furent les nuits parisiennes du XIXe siècle.