• Coup d'oeil N°11: Nos églises modernes sont étincelantes, venez faire un tour à Brasilia!

    Qui a dit que toutes les églises modernes ressemblaient à des blocs de bétons ? Certaines ne sont pas de cet avis, et elles comptent bien vous le montrer. Démonstration !

              Il est vrai que l’on peut être rebuté à la vue de quelques églises récentes, aux formes simplistes et monotones ! Qui, nous pouvons le dire, « ne cassent rien » à coté de nos cathédrales en dentelles de pierre ! Devant leurs façades, difficile de rivaliser ! Alors nos nouvelles églises vont choisir de mettre le paquet sur leurs intérieurs. Elles se révèlent être alors de véritables petits écrins de lumière, qui, j’en suis sûre, ne vous laisseront pas de marbre ! Je vous emmène donc un peu voyager dans l’espace, comme dans le temps !

              Je vous propose en effet de partir pour Brasilia, la capitale du Brésil. Cette ville a un caractère bien particulier : du haut de ses 50 ans, elle est toute neuve. Sa construction est lancée à un rythme fou, entre 1957 et 1960. On raconte que les principaux bâtiments  furent réalisés en 1000 jours seulement. C’est le président de l’époque, Juscelino Kubitschechek, qui lance ce projet exubérant à Oscar Niemeyer, qui va l’entreprendre sans ménagement (Oui, oui vous vous rappelez bien ! C’est le même qui a construit la coupole du PCF à Paris, dans mon coup d’œil n°7).  

    De son imaginaire va naître des édifices de toutes sortes, tournés autours d’une même obsession : la courbe.« Ce qui m’attire, c’est la courbe libre et sensuelle. La courbe que l’on rencontre dans les montagnes de mon pays, dans les nuages au ciel, dans le corps de la femme aimée. Tout l’univers est fait de courbes. L’univers courbe d’Einstein ». Il ne faut pas oublier aussi l‘imminent travail de Lucio Costa pour l’urbanisation de la ville,après que son travail ait été choisi parmi 66 autres projets !! Mais revenons à nos moutons : les églises. C’est dans cette ville toute neuve, que  vont naitre deux édifices qui vont transformer votre vision de l’église moderne.

              Je vous présente la Cathédrale Métropolitaine Notre-Dame de l’Apparition! Réelle carte postale de Brasilia, c’est la première dont je vais vous parler, et celle qui est certainement la plus connue.

              Nous devons cette petite merveille de l’architecture à Oscar Niemeyer. Elle émerge de terre 10 ans après la construction de la ville, en 1970. D’un diamètre de 70 mètres de long et d’une hauteur de 40 mètres, la cathédrale se compose de 16 colonnes incurvées soutenant la majestueuse verrière. Niemeyer choisit un plan circulaire pouvant accueillir 4000 fidèles, rejetant ainsi le plan traditionnel cruciforme. A travers cet édifice, il va créer une architecture résolument futuriste. Centré sur la lumière, accompagné par la courbe, il va développer un nouveau langage.

              L’incroyable défi de Niemeyer a été d’imaginer un lieu saint, alors que lui-même était athée. L’architecte décide de  se concentrer sur les attentes et les préoccupations du fidèle. Il ne  se contente pas de reprendre les schémas classiques de l’architecture du sacré. Non, Oscar Niemeyer choisit d’aller encore plus loin. Il  crée alors une nouvelle architecture, plus futuriste, entièrement accès sur la lumière : « Dans la cathédrale de Brasilia, j'ai incorporé des espaces transparents dans les vitraux, pour que les croyants puissent, de la nef, imaginer que là, dans les espaces infinis, le Seigneur les attend. ». Il confie la décoration de la verrière à Marianne Perreti, plasticienne parisienne (la french touch), que l’on nomme aujourd’hui « sa muse du vitrail ». Sur 2240 m2 (ou 2100m2 ou 2500 m2, on n’est pas tous d’accord), elle va dérouler de longues ondulations bleues verdoyantes, jaillissant de la croix. « Je suis la source d’eau vive ». Ici encore une nouvelle symbolique se développe. Nous sommes loin des vitraux historiés de nos belles cathédrales françaises, mais tout autant époustouflés.

        

    Si vous avez envie de faire une petite visite virtuelle, avec une vue  360°, c’est ici : http://catedral.org.br/visitavirtual

    Il est temps à présent de découvrir notre seconde église !

              Voici le Sanctuaire Don Bosco, aussi appelé « l’Eglise Bleue ». Tout d’abord, pourquoi Don Bosco ? Qu’est-ce qu’un prêtre italien vient faire là, de l’autre côté de l’Atlantique ?  L’histoire de la naissance de Brasilia est intimement liée à celle de l’ecclésiastique. L’histoire raconte que, vers 1860 (on ne sait pas exactement), Dom Bosco rêva de la création d’une cité prospère au bord d'un lac, entre les 15e et 20e parallèles de l'hémisphère sud. 100 ans plus tard, Brasilia émerge de terre. Afin d’honorer le rêve de Dom Bosco, les brésiliens construisirent  une église en son honneur, au point exact où passe le 15e parallèle. Il n’est donc pas étonnant qu’aujourd’hui Don Bosco soit le saint patron de la ville.

     

    Intéressons-nous à l’édifice. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, extérieurement, l’église prend une allure géométrique, certes élégante, mais limpide et froide.

              Mais intérieurement, c’est une explosion de lumières bleues. Composée de milliers de petits carreaux de 12 différentes nuances de bleues, sur 2200 m² de vitraux, l’impression est immédiate. Vision d’un ciel étoilé pour certains, sensation d’une paix envoutante pour d’autres. L’église se drape de reflets bleus, variant aux grés des temps, s’intensifiant à la tombée du jour. L’ensemble des fenêtres s’élevant sur 16 mètres de haut furent conçues par Claudio Naves, et peintes par le belge Hubert Van Doorne. Ils créèrent ensemble un véritable écrin de lumière bleue, caché dans une sobre enveloppe blanche.

              Une fois la nuit tombée,  le spectacle continue de plus belle ! L’immense lustre se réveille. Ses proportions sont hors normes : 5 mètres de diamètre, 3,5 mètres de hauteur ! Mais surtout il pèse le modique poids de 3 tonnes (soit un beau camion), si lourd qu’il participe entièrement à la bonne tenue de l‘édifice. Réalisé par l'architecte Alvimar Moreira, il est composé de 7400 verres de Murano.

               J’espère à travers ces deux exemples vous avoir convaincu du talent de nos églises modernes ! Les édifices religieux de Brasilia sont futuristes, surprenants ! Ils ont, à mon goût, un intérêt majeur pour leurs conceptions des jeux de lumière. Nous proposant une expérience tout à fait nouvelle du sacré, c’est une architecture qui nous époustoufle, qui nous émeut face à sa majesté lumineuse. Alors la prochaine fois, n’hésitez pas à pousser la porte d’une église aux allures monotones, vous serez surpris de découvrir ce qu’elle vous cache !


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